
La sororité n’est pas une secte féministe, ni une communauté de femmes qui mangent les hommes. Je ne parle pas non plus des groupes de femmes issues des universités américaines.
Je parle de cette alliance de femmes qui luttent contre les stéréotypes et le sexisme ordinaire. (Ça aurait pu être un groupe de femmes voulant exterminer les hommes, mais pas d’inquiétude, par chance ça n’a rien à voir).
Si son étymologie t’intéresse, ça vient du latin soror qui (comme tu l’as surement compris) signifie sœur ou cousine.
Bon en clair la sororité c’est l’union des femmes pour obtenir l’égalité : TOUT.ES ENSEMBLE.
Tu as la version de Raphaël Enthoven qui affirme que : “La sororité est à la fraternité, ce qu’un club de supporters est à une nation”. [Tu n’as surement pas besoin de moi pour émettre un avis sur cette hypothèse].
Prends ton baluchon, on retourne au moyen âge. À cette époque, les sororités étaient des communautés religieuses exclusivement féminines. (Waouw, des femmes avaient réussi à défier les autorités religieuses et politiques pour se réunir, penser par elles-mêmes et décider seules de la tournure de leurs vies ? Calme-toi. À l’époque ces communautés étaient placées sous l’autorité des hommes…)
Remonte en voiture, on fonce dans les années 70, au moment où le grand débat des féministes était les groupes non-mixtes. C’est à ce moment-là que le mot sororité s’est retrouvé une nouvelle fois propulsé sur le devant de la scène.
Et puis, ça a continué dans les années 2000 grâce à Ségolène Royal. À l’époque candidate aux élections présidentielles, elle utilise ce terme lors d’un meeting expliquant que notre devise, “liberté, égalité, fraternité”, démontre l’oubli des femmes dans notre société.
Aujourd’hui, le terme sororité évoque la solidarité entre femmes, mais pas que.
Elle s’inscrit également dans la volonté d’utiliser une grammaire et un langage inclusif. [Ne nous tente pas, nous n’entrerons pas dans ce débat aujourd’hui].
La sororité est aussi politique, c’est un front commun pour mener un combat face à une oppression.
SORORITÉ :
Un mot pour démontrer l’inégalité.
Une arme politique.
Et un terme militant.
Certain.es diront que “fraternité” est un terme inclusif qui signifie une solidarité universelle… Alors pourquoi vouloir en inventer d’autres et (sous-entendu) faire ch** le monde.
Je répondrais que je suis d’accord. (Sur le terme inclusif et aussi que souvent j’embête un peu le monde). Aujourd’hui les femmes peuvent aisément se sentir tolérées dans la fraternité, tandis que les hommes SONT cet universel. Tu as la nuance ? Elle a toute son importance dans l’accès à l’égalité.
La fraternité est universelle et inclut tout être humain.
Oui, mais non.
Il est vrai qu’historiquement, les mots masculins incluent le féminin. Mais en réalité, le problème n’est pas vraiment là.
Nous ne remettons pas en question l’inclusion des femmes en ces termes, mais leur invisibilisation en général. Inclure le féminin dans le masculin le rend invisible et le décrédibilise.
Et c’est bien sur ça que repose aujourd’hui le combat pour atteindre l’égalité. Et ça commence en combattant et en dénonçant la minimisation de l’existence des femmes dans notre nation et ailleurs.
Une solution, ma soeur ?
Si une chose est sûre ici bas, c’est que tout problème a une solution. Réjane Sénac dit que fraternité ou sororité ne sont pas, et ne seront jamais, neutres et universels. Alors pour mettre tout le monde d’accord, elle a proposé le terme adelphité qui signifie “enfants nés de la même mère quel que soit leur genre”.
Il n’y a pas de guerre des sexes ou de compétition entre genres, et le mot adelphité permet donc de réunir tout le monde en un seul terme, comme faisant partie d’une même matrice.
Un bon compromis non ?